2022-11-21

 LE VIOLON DE CLARÍN

 


CONTES DE CLARIN


 


Marre de tant de mensonges et de pots-de-vin crimes de malversations et d'escroquerie au bout de la lame le vent de la perdition souffle contre le mur de la sagesse ces gars veulent nous donner un chat pour un lièvre ils nous vendent l'âne mal casté. Il pleut sur Madrid. Mes espoirs se mouillent, je reviens à mon professeur Leopoldo Alas Clarín, l'Asturien né à Zamora, qui nous raconte tout au long de son œuvre avec une tendresse et un sarcasme indicibles l'Espagne de la Restauration.


Ses personnages étaient les pauvres en esprit, les garçons de la rúa et de la tralla qui sont brûlés vifs dans une taverne un soir de carnaval (Pipá) de maris et femmes trompés (Doña Berta) ou de pauvres employés de bureau qui, une nuit de réjouissances, s'autorisent d'avoir une canne à l'air qui sèmera sa vie et celle de sa femme du malheur de la perdition car sa fille, la prunelle de ses yeux, bien gardée entre les jupes du brancard d'un foyer puritain, finit par être moquée par un sous-lieutenant d'infanterie et finit prostituée dans un bordel de Saragosse.


Les contes de Clarín sont de véritables poèmes en prose, ils s'inspirent et améliorent peut-être ceux de Guy de Maupasant. La seconde moitié du XIXe siècle depuis l'abdication d'Elizabeth II qui s'exile à Paris, la littérature castillane montre son influence française. C'est vrai que Clarin, obsédé par la langue, ridiculise les gallicismes mais son génie est français, ça n'a rien à voir avec l'influence anglophone des anglais et des gringos.


Qui plus est : un de ses farouches ennemis Bonafoux "la vipère d'Asnières" lui reproche d'avoir plagié Madame Bovary dans la "Regenta" l'un des livres en espagnol surpassé seulement par El Buscón et Don Quichotte.


Clarín avait un violon, ai-je dit dans un article louant son centenaire. Certes, sa prose a les registres de la musique symphonique. Il n'est pas un romancier garbancero comme Galdós ou sublime en raison de son style classique et latinisant comme celui de son disciple Pérez de Ayala, adapté uniquement aux palais exquis. Leopoldo Alas frappe une corde magistrale qui vibre dans l'âme de ses lecteurs. C'est ce qui m'est arrivé.


Vivant à New York, j'ai lu tous ses livres et à l'Université de Columbia, j'ai pu entrer en contact avec le professeur Bejarano, spécialiste de l'œuvre de Clarin sous le couvert des études de maîtrise précédemment menées par Laura de los Ríos.


La vie artificielle et automatique de Manhattan me faisait soupirer après la vie naturelle de mes Asturies de l'âme. Il aspirait à échanger les bâtiments en béton armé de la 42e rue contre les sebes, les clôtures et les criques entre les bouleaux de Prau La Cuesta ou le hórreo où Doña Berta gardait ses lettres d'amour dans un vieux coffre.


Je pense que j'ai compris, Clarín, véritable prophète de mon avenir, a marqué le chemin dont je rêvais dans la littérature et dans la vie loin des clameurs de la civilisation.


C'était aussi un rêveur qui aspirait à entendre le chant du merle curuxia et du rossignol parmi les chênes de sa ferme de Guimarán, ce village perdu. Cet auteur m'a oint dès mon plus jeune âge du chrisme de la beauté de l'art littéraire avec son onction de liberté et d'indépendance et de ramer à contre-courant en cette époque de dogmes et de vérités absolues. Aujourd'hui cet écrivain de la liberté est épuisé et ni la droite ni la gauche ne veulent rien savoir de ses livres.


La fureur babayo de l'asturien mondialiste l'ignore, mais je continue à écouter la prose de ce pro d'Oviedo. Musique céleste à mes oreilles.


 En effet, Clarín avait un violon. Bienheureux ceux qui savent écouter ses romans et récits symphoniques ou les bavardages éparpillés par les journaux de l'époque. Chez eux, l'humour, la satire, la confiance en soi, quand ce n'est pas la tendresse envers leurs personnages qui ont vécu une vie anodine, règnent en maîtres. Cet Asturien était un grand Espagnol

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