2024-02-07

 HEAUTONTIMOROUMENOS DE BAUDELAIRE SELFFLAGELATION


 


Je reviens à Baudelaire, aux pages de ce recueil de poèmes avec beaucoup de marques et de soulignements de mots que je n'ai pas compris, acheté dans une librairie de la Rive gauche il y a soixante ans. Je n'ai pas non plus compris le message de ce grand poète. Il ne faut jamais lire Baudelaire en vieillard quand on a vingt ans et qu'on ne connaît pas le sens de notre existence ; les déceptions, les trahisons, les coups de couteau, les échecs, l'effondrement de tout, nos croyances et nos idéologies se sont effondrées, les déceptions. Le vate français le prédit d'avance dans son poème Heautontimoroumenos (celui qui se fait du mal), chaque jour nous nous flagellons avec la ration quotidienne de poison que les égouts de l'information déversent par leur gueule cybernétique. Les Fleurs du Mal (1834) était un livre interdit car immoral, mais à mon avis il n'y a pas eu d'autre recueil de poèmes plus moraux dans la littérature française depuis Villon. Il met en scène la lutte du bien contre le mal. tantôt ce sont les litanies de Satan, tantôt il nous met dans un chant à Jésus. C'est une symphonie divine et en même temps une cacophonie stridente. Les vers de Baudelaire piquent parfois comme des orties, d'autres fois ils sont du baume. Arômes voluptueux de benjoin et de chanvre indien. Eutrapélie et désordre. Une excuse pour les charmes des femmes et les choses dégoûtantes des bordels de Pigalle. Toujours des quintessences. Il évoque constamment Seuil dans ses articles et, avec l'aide de Sartre, il devient une référence pour le mouvement existentialiste des années soixante, la décennie prodigieuse. Plus d’un demi-siècle s’est écoulé depuis que j’ai acquis ce livre alors que j’habitais à Paris et que je rêvais d’être écrivain ! Ses pages sont pour moi un boulier de nostalgie

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