2022-11-29

 LA REDINGOTE DE LARRA ET LE LUCILO DE SAN FRUTOS


Écrire, c'est pleurer, disait Larra. Sa redingote nous habille tous d'un brun silence. Entre la tombe d'El Cid et celle de Larra il n'y a qu'un pas et c'est le syndrome de ce va-et-vient qu'on appelle porter. Ou devant les prêtres en procession hissant croix et cierges ou derrière les prêtres avec fouet. Une condamnation nationale mais le manteau et le toupet du célèbre Français sont quelque chose de très précaire qui nous démange et nous participons tous à cette trouble agitation à l'échelle nationale. Je fais un pèlerinage avec onction sur la tombe d'El Cid et celle de Larra dans le sacramentel de San Isidro m'amène dans l'utérus, bien que cela ne signifie pas que je ne veuille pas admettre que le pauvre petit bavard a dit certaines vérités.


Il y a des écrivains qui sont connus plus que pour leur travail à cause d'une de leurs phrases ou d'une tenue, d'une décalcomanie dans les livres obligatoires. Et à de nombreux saints, non pas à cause de leurs vies et de leurs œuvres lointaines perdues dans la nuit des temps, mais à cause du sillage mythologique qu'ils ont traîné derrière leur dos. Parce qu'ils sont un archétype. Peut-être un joker, quelque chose dont nous devons nous servir pour continuer à penser ou à vivre. Siempre en la lucha, sobre todo, aquellos que nos hemos sentido más inclinados hacia la perquisición de la virtud, de la sabiduría y de todo ese aroma que perfuma a los libros antiguos y a los santos viejos porque venimos acaso de la idea de un soñador para un village. Et j'ai senti cette phrase ces matins de fin octobre sur le chemin de mes souvenirs et de mes quenouilles pour honorer les os de San Frutos conservés dans un lucillus de jaspe polychrome. Je vois le saint barbu plongé dans la lecture de son livre de pierre sur le portique de la cathédrale qui n'en finit pas de tourner la page et, si c'est le cas, mal ; le jugement dernier viendra. Et à Larra, transformé en poulet poire, je touffais sa barbe clairsemée d'une redingote qui lui pendait aux pieds comme une immense jupe, en disant indifféremment, reviens demain. J'avais pressenti le geste et le mot français qui dans ce pays c'est toujours carnaval ou réveillon. Il s'est suicidé au numéro douze de la Calle de Santa Clara. Personne ne faisait attention à lui. Ici chacun va chez lui. Les voisins murmurent.


- Laissez-les ventiler. De cette façon, ils seront à l'aise.


J'ai garé la voiture à l'entrée de peur que ce qui m'arrive à nouveau et la visite accidentelle de jeudi lorsque la dépanneuse a pris ma voiture, je me suis mis en colère, je me suis disputé avec un policier et ils m'ont emmené en prison. Des choses qui arrivent. Les différentes voix et tempos qui coexistent en moi dans une sorte de schizophrénie bien assortie et que j'appelle les options de l'alter ego ont commencé une des conversations qui ont lieu quand je suis seul. Ce sont les trois options, ou trois muses comme trois soleils. Ce jour-là, une de mes muses me réprimanda :


-Tu es seul. Votre téléphone fixe et votre téléphone portable restent silencieux pendant des semaines, personne ne se souvient de vous, personne ne vous appelle. Seuls vos créanciers bancaires pour la carte de crédit savent déjà que c'est une autre histoire. Tu as construit sa maison sur le sable, Verumtamen. Vous êtes un exilé intérieur. Ils vous ont ostracisé.


-Et qu'est-ce que tu penses que j'aime la popularité?


- Personne amer un bonbon.


- Écoutez, je désapprouve les ruses d'Erostrato, ce Grec qui voulait voir son nom inscrit au Parthénon mais c'était un mindundi, un de plus, et pour qu'on parle de sa personne, il a assassiné son père. Je ne suis pas non plus la voyante d'El Escorial qui a dit qu'elle est apparue dans les journaux ou le pompier qui simule un accident pour déclarer l'amour à sa fille. Je ne suis qu'un écrivain, un faiseur de pluie anonyme. Je crée le nuage, je le charge d'électricité et le tonnerre retentit déjà. C'est ce qu'il faut pour mettre une idée en circulation. Cela ne me dérange pas d'être sur papier. J'aimerais vraiment être payé au travail et ça m'énerve de devoir travailler pour ce grand Turc qu'est internet, un système pour contrôler les gens et canaliser le plus sacré. Je sais que nous approchons du syndrome de la tour de Babel. Je sais très bien de quoi vous parlez, Quosquetandem, mais je n'ai pas d'autre choix.


-C'est clair : vous faites votre petite révolution cyclostil.


-Internet est notre samisdat, le seul support que nous, les écrivains, avons quand la littérature est morte. Ils servent aussi à ce qu'ils nous aient fichés car ils se sont rendus compte que la pensée n'offense pas mais qu'il faut les attacher au cas où.


-Tu ne me convaincs pas beaucoup.


-Non, mais le réseau des réseaux est une arnaque. Ils ont envoyé les bons écrivains au puits d'Airón, les jetant dans la fosse de l'oubli où il y aura des gémissements et des grincements de dents, les remplaçant par des commis qualifiés, des calcographes et des cécographes.


-Et que veut dire ce mot cacographie ?


- Ecrire de la merde. Télévision poubelle, culture poubelle. Fausse société, justice ertsatz. Tout un substitut. putain de substitut. Nous vivons dans un monde virtuel. Tout, apparence et tout vanité : mataiotes mataiotetwn kai panta mataiota (1)


 Ainsi notre vie a été imprégnée de vanité. Il est rongé par le superflu. Assurément. Mais

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